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Fokus L'Alchimiste de Sant-Vicens

Hélène Legrais a écrit de nombreux romans. Elle est chroniqueuse pour la radio et elle est revenue vivre à Perpignan d’où elle est originaire. Elle aime ce pays catalan dans lequel elle situe ses intrigues. C’est le cas ici, à Perpignan ou plus exactement encore dans le quartier de l’Atelier Sant Vicens. Nous sommes dans les années 50 et ce lieu, réservé à l’art, est réputé internationalement. Je me permets une réflexion toute personnelle : pourquoi ne parle-t-on pas davantage de la céramique de Sant Vicens alors que celle de Vallauris est toujours aussi célèbre ? Heureusement Hélène Legrais la remet ici en vedette.

Plusieurs thèmes dans ce roman. D’abord la place de la femme dans ces années-là. André Escande est un professeur en retraite, disons psychorigide, et qui n’aime rien à part les sciences et sa tranquillité. Il a tout imposé à sa femme Suzanne (même son prénom !) et elle a su louvoyer pour tenter de prendre une place dans la vie qu’elle aime tant. André et Suzanne sont les voisins directs de Sant Vicens. Suzanne est très curieuse de ce qui s’y passe, mais André bougonne contre ces « barbouilleurs » envahissants. Leur retraite n’est pas facile à vivre et beaucoup de femmes ont connu cette place secondaire que leur mari leur réservait.

Un 2e thème est celui de l’autisme, peu connu, peu traité à l’époque. Or, dans une maison voisine naît une petite Vivi, qui ne dort pas et pleure tout le temps. Suzanne fait ce qu’elle peut pour aider, André râle toujours, mais au fur et à mesure que l’enfant grandit, l’homme de sciences qui est en lui se réveille et il étudie les actions incompréhensibles de la petite fille qui peut rester très longtemps devant un point de la façade en céramique de l’atelier. Peut-être se produira-t-il un déclic qui changerait sa vie.

Tout cela c’est la partie roman. Mais si nous revenons à Sant Vicens, c’est l’Histoire et l’Art dans la réalité. Le mas fut acheté par Firmin Bauby qui l’a fait rénover selon ses goûts et l’a ouvert à tous les artistes. Citons-en quelques-uns dans le désordre : Raoul Dufy, Maillol, Déodat de Séverac, Trénet, Brassens, Picasso, Lurçat (dont la fresque en céramique recouvre le mas et obsède Vivi), Salvador Dali,… C’est tout simplement extraordinaire et nous ne pouvons rêver que de visiter puisque c’est possible. Nous y ferons revivre la « colla » (l’équipe) Sant Vicens.

Enfin à ne pas oublier, la langue catalane, si chère à l’auteur qui nous traduit les mots employés. C’est beau et cela chante et donne une couleur supplémentaire à tous ces talents d’artistes !