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Fokus sur "Enfant de salaud" de Sorj Chalandon

Enfant de salaud de Sorj Chalandon

Un titre qui explique tout !

Sorj Chalandon est un journaliste et écrivain. Son enfance a été marquée par la violence et la mythomanie de son père, ce qui a été la matière de trois romans autobiographiques : Le petit Bonzi, Profession du père et Enfant de salaud. C’est son grand-père, qui lui a lancé cette « insulte » alors qu’il était enfant.

Journaliste, il a participé à la création de Libération, a couvert ce qui se passait dans le monde, comme grand reporter, dont les luttes en Irlande du Nord, qui ont servi de fond à d’autres romans. Il a aussi suivi le procès Klaus Barbie et tous ses reportages lui ont valu le Prix Albert-Londres en 1988. Citons encore le Prix Médicis 2000 pour Une Promesse, le Grand Prix du roman de l’Académie française 2011 pour Retour à Killybegs et le prix Goncourt des Lycéens 2013 pour Le Quatrième Mur, parmi les 9 romans qu’il a publiés.

Enfant de salaud est donc un roman très autobiographique qui explique comment il a découvert la vérité sur son père. Il construit son livre très habilement. Tout se passe entre le 5 avril 1987 et le 5 Juillet 1987, 3 mois pendant lesquels l’auteur-narrateur se trouve à Lyon pour couvrir le procès Barbie auquel il nous fait assister. Son père s’y trouve aussi et son attitude lui pèse. Il décide alors d’ouvrir le dossier de ce père et il découvre, stupéfait, qu’il a été condamné à de la prison et à 5 ans d’indignité nationale pour activités anti-françaises. Collabo, bien sûr, il a changé d’uniforme 4 fois en 5 ans. Sorj Chalandon écrit que son père était « un gamin égaré qui rêvait de carnaval et de fusils trop lourds ».

Le fils aurait pu lui pardonner s’il avait dit la vérité mais il était un génie du mensonge.

« Oui, je suis un enfant de salaud [mais le salaud c’est avant tout celui qui a trahi son fils] qui l’a jeté dans la vie comme dans la boue. »

L’évocation du procès Barbie permet de passer de l’autobiographie à une dimension bien plus vaste, celle de la mémoire collective.

Deux guerres, deux traîtres, deux êtres qui se sont dérobés, incapables, l’un comme l’autre, d’endosser un « bel habit d’homme ».

Sorj Chalandon joue avec la temporalité puisque ce dossier sur son père, il ne l’a eu qu’en 2020.

Un excellent livre très fort et très émouvant, à lire absolument !