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Fokus sur "Un vrai dépaysement" de Clément Bénech

Un jeune professeur idéaliste

L’idéaliste rêve que ses espérances ou ses fantasmes deviennent réalité. C’est un Don Quichotte, comme le dit la 4e de couverture, et il devra lutter contre des moulins à vent. Clément Bénech, déjà auteur de 4 romans, nous a donc entraînés dans les pas de Romain d’Astéries pour sa 1ère affectation en tant que professeur de lettres. Il fait partie d’une famille réputée d’architectes à Bordeaux. Nous sommes en 2013 et son frère vient d’y construire le nouveau pont. C’est dire s’il est le vilain petit canard qui préfère la littérature et qui demande un 1er poste… en Guyane, le plus loin possible des siens. Un bug informatique détruit ses espoirs et alors qu’il avait déjà acheté une moustiquaire, des tongs et une machette, le voilà parti pour un petit village au fond de l’Auvergne ! Tant pis, il entend bien y pratiquer l’enseignement expérimental qu’il a appris à « l’Institut » (ESPE ou Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education). Plus de leçons, mais du mélange, par exemple enseigner Français et EPS (sport) en même temps. Il faut faire sortir les élèves du collège le plus souvent possible pour leur enseigner la nature et l’on en vient à de la cocasserie jubilatoire quand les enfants, qui sont des ruraux, en savent davantage que le professeur. Il ne faut pas oublier non plus que la Principale, Melle Combes, en est encore aux préceptes de la IIIe République et veut que les connaissances soient transmises dans la plus pure des traditions. Nous faisons connaissance du Père Grange, l’hôte de notre Romain, qui va l’aider à se confronter à la réalité.

Cela épingle l’enseignement purement théorique mais pas seulement quand on tombe dans l’excès inverse. Par exemple, une bagarre entre élèves s’appelle désormais un « conflit sociocognitif » et un chahut un « groupe en motricité », mais oui, mais oui ! Ajoutons un voyage en Roumanie (jumelage), un dîner chez des parents d’élèves totalement surréaliste, etc. et vous comprendrez que, outre les riches références littéraires, étymologiques et cinématographiques de l’auteur, nous avons droit à des rebondissements et à beaucoup d’humour.

Et oui, Romain d’Astéries s’est trouvé « en se dépaysant » !