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Focus sur "L’enfant réparé" de Grégoire Delacourt

L’enfant réparé de Grégoire Delacourt

Quand 10 ans de littérature mènent tout doucement au récit d’aujourd’hui

Grégoire Delacourt, ce publicitaire reconnu, cet homme affable et si drôle, cet « écrivain du bonheur », comme on l’a surnommé est en fait « un clown triste », s’il est possible d’utiliser cette expression, tant il est vrai que les grands clowns font rire mais ne rient guère eux-mêmes.

Le grand-œuvre de l’auteur c’est La liste de mes envies. Cependant on semble oublier souvent son premier roman : L’écrivain de la famille. A sa sortie, j’avais aimé ce livre mais ne l’avais pas trouvé si drôle que cela. J’avais ressenti une sorte de malaise dans cette famille. Et puis, au fil du temps, les romans de Grégoire Delacourt se sont peu à peu assombris jusqu’à arriver au livre de 2019 : Mon Père, où un père veut réparer son fils abusé par un Père (un prêtre). C’est très surprenant et violent et l’auteur a été malade après l’écriture. Pourquoi avait-il écrit cela ? Il ne le savait pas lui-même mais une porte était ouverte.

Si nous revisitons les romans de Grégoire Delacourt, nous trouverons des indices qu’il n’avait même pas vus. Ce qu’il savait c’est que sa vie n’était pas heureuse. Grâce à son épouse et à son analyste, il va laisser remonter les souvenirs. Et dans son récit d’aujourd’hui, il tire le fil qui le ramène à son enfance. Il nous raconte, l’homme, ses failles, ses joies aussi, ses parents et ce père qui l’a abusé alors qu’il avait 5 ans.

Ce livre est un coup de poing, d’autant plus que c’est sans pathos, pudique, sans haine mais avec des phrases percutantes, parfois lapidaires.

L’enfant est-il réparé ? Et l’homme, au bout de tant d’années ?

« Le jour où j’ai appris que j’étais victime, je me suis senti vivant. » Grégoire Delacourt